lunedì 14 settembre 2009

Basta, Cavaliere !

LE MONDE | 12.09.09

Edécidant d'attaquer pour "diffamation" deux quotidiens de centre gauche - La Repubblicaet L'Unita -, Silvio Berlusconi se révèle le pire avocat de sa cause. Empêtré depuis plus de quatre mois dans une succession de révélations scabreuses sur sa vie privée qui ne sont pas sans effets sur son activité publique, le président du conseil italien, plutôt que de s'expliquer et de faire la clarté, a choisi de délégitimer et d'intimider les titres qu'il ne contrôle pas.

Propriétaire de trois chaînes de télévision privées, d'un groupe de presse et d'édition, l'entrepreneur Berlusconi dispose d'un éventail de médias prêts à chanter ses louanges au quotidien ; contrôlant une grande part de l'audiovisuel public, le président du conseil Berlusconi a également les moyens de faire passer sous silence le feuilleton de ses turpitudes - et il y parvient. Mais, pour le "Cavaliere", cela n'est pas assez. Comme s'il suffisait que quelques titres mettent au jour ses contradictions, lui demandent des comptes ou le brocardent pour ébranler la réalité du pouvoir.

Ce faisant, le chef du gouvernement italien commet une double erreur. En tant qu'homme de médias, il est bien placé pour savoir que l'information ne se contrôle plus. Le projet de dresser une palissade entre l'information et ses concitoyens est un leurre, quand bien même serait-elle dictée, comme il le dit, par le souci de"protéger sa vie privée". En tant qu'homme politique - fût-il hors normes -, il prend le risque, dans cette aventure judiciaire, d'abaisser encore un peu plus sa fonction et de nuire à l'image du pays qu'il dirige.

Le principe de la liberté de la presse, même si celle-ci n'est pas exempte d'erreurs ou d'approximations, ne se discute pas et ne saurait être remis en cause. Sauf à faire de son pays une anomalie singulière en Europe. Le simple fait qu'une manifestation soit prévue, samedi 19 septembre à Rome, pour défendre cette liberté fondamentale en dit assez long sur la situation qui règne en Italie et l'inquiétude qu'elle suscite.

Si, par bonheur, M. Berlusconi - qui est, lui, protégé de toute poursuite pendant son mandat - renonçait à son offensive judiciaire et choisissait de faire profil bas, il s'éviterait le ridicule de devoir placer l'Italie en concurrence avec la Corée du Nord ou la Russie au chapitre de la liberté d'informer. Et lui qui se dit "le meilleur président du conseil (italien) " depuis cent cinquante ans - ce dont l'Histoire jugera - éviterait d'ores et déjà aux yeux d'une bonne partie de l'opinion internationale de passer pour le pire.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/09/12/basta-cavaliere_1239501_3232.html#ens_id=1191686

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