martedì 6 ottobre 2009

La nouvelle galaxie anti-Berlusconi s'organise hors des partis d'opposition

LE MONDE | 05.10.09


Le dizaines de milliers de personnees qui ont manifesté samedi 3 octobre à Rome en faveur de la liberté de la presse ont conspué Silvio Berlusconi accusé de "bâillonner" les médias. Ils n'en ont pas moins accueilli fraîchement les personnalités du Parti démocrate (PD, centre gauche). Témoin cette pancarte brandie à l'intention de Massimo D'Alema, ex-ministre des affaires étrangères, poids lourd de la gauche et recordman des procès intentés à des journalistes :"Massimo tu t'excuses et tu t'en vas."

Le lendemain, à Milan, c'est encore le PD qui a été pris pour cible par le comique Beppe Grillo lors du lancement de son "Mouvement 5 étoiles" destiné à rassembler les "citoyens sans parti". Dans son discours un brin démagogique devant un public juvénile, l'instigateur des "V-day" (V pour "Va te faire foutre"), a vilipendé la faiblesse du PD, "qui fait semblant de faire l'opposition".Depuis la révélation des scandales privés de Silvio Berlusconi au printemps, le centre gauche, concentré sur la campagne des primaires, oscille entre l'embarras et la maladresse. Maladresse, lorsque le secrétaire général Dario Franceschini, heurtant l'attachement des Italiens aux valeurs de la famille, leur demande : "Laisseriez-vous élever vos enfants par le chef du gouvernement ?"Malaise, lorsque le débat s'est déplacé sur le conflit d'intérêt ou la gestion politique de la télévision publique. Deux questions que la gauche quand elle était au pouvoir n'a pas su ou voulu régler.

Personnalités libres de parler

Le PD n'a pas su profiter de cette période pour modifier son image de parti divisé et indécis. "Ils auraient au moins pu demander la démission de Berlusconi", s'étonne encore le politologuePiero Ignazi. Les intellectuels qui pourraient venir en aide au parti le jugent sévèrement. L'écrivain sicilien Andrea Camilleri le compare à Julien Sorel dans le roman de Stendhal Le Rouge et le Noir, "perdu dans son rêve de conquérir le pouvoir, mais qui doit d'abord combattre contre lui-même et ses contradictions". Le metteur en scène Nanni Moretti est plus lapidaire : "Un échec total"."Nous n'avons pas été capables de capitaliser sur les difficultés de Berlusconi", reconnaît, amer, un élu de gauche.Dans ces conditions, l'opposition s'est incarnée dans un parti plus nouveau comme l'Italie des valeurs de l'ancien magistrat Antonio di Pietro, et peut être un jour le "Mouvement 5 Etoiles". Dans des quotidiens comme La Repubblica,L'Unita, ou le nouveau venu, Il Fatto. Dans une revue intellectuelle comme MicroMega. Dans des personnalités difficilement classables comme les journalistes Michele Santoro, Marco Travaglio ou l'auteur du livre sur la mafia napolitaine Gomorra, Roberto Saviano, libres de leur parole et hors du jeu politique, devenues les véritables fers de lance de l'antiberlusconisme."Nous leur avons délégué l'opposition", regrette le député de centre gauche Sandro Gozi.

Pour le politologue de gauche Ilvo Diamanti, le succès de ces personnalités s'explique d'abord par ce que "l'information est au coeur du problème" et aussi par ce que le PD est un "métro sans destination". "C'est difficile, nous a-t-il expliqué, de donner une direction à ses électeurs quand on est soi-même désorienté. La question n'est pas de savoir qui fait vraiment l'opposition aujourd'hui en Italie, mais de comprendre pourquoi ceux qui devraient la faire ne la font pas."

Sachant le PD paralysé par ses divisions, ces "nouveaux opposants" en profitent pour s'attaquer au président du Conseil comme à la gauche traditionnelle. Pour l'heure, les dégâts semblent plus importants à gauche. Quant au Cavaliere qui jouit de l'approbation de 50 % des Italiens, il est persuadé que ces attaques finissent par lui "apporter des voix" en soudant le camp de la droite.

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